il y a les endroits où on est allé et les lieux où l’on retourne, ceux où l’on séjourne
Certains sont un souvenir,
d’autres nous soudent à la vie ou nous recentrent
Certains sont une évidente nécessité qui ne s’explique pas
Notre attachement à ces lieux tient tout autant de ce que l’on y a vécu que de ce que l’on en a rêvé
Je suis toujours touché de l’effet que produit sur moi la première bouffée d’humus iodé de la forêt
Ce moment où les sens du bois parlent langage racinaire au sylvain que je suis
Il n’y a pas de secret à cette alchimie intime qui bouleverse mon métabolisme
Je deviens tout ou partie de l’infini végétal,
mousse, lichen, fougère arborescente, chêne pédonculé, mimosa, pin maritime…
La peau se nervure en veinules et corse le flux de sang,
écorce gorgée de vie que nourrit la pluie
Le temps sec n’est pas un ami de la vie,
il faut regarder un désert pour le peu de vie qui s’y accroche,
à l’orée de nuits étoilées où se hasarde une once de rosée
Il suffit de fouler l’amas d’épines amoncelées quand la pluie vient à manquer trop depuis trop longtemps depuis trop longtemps de pluie trop longtemps…
Il suffit de ne plus entendre la vie pépier ou roucouler dans les sous bois pour prendre au réel la rumeur d’une nature morte de ne plus boire l’ondée féconde
au chemin dunaire druide à l’océan fluide estran
s’abandonne le fantasque fantôme de mon âme en flaques salines
Saint Vincent sur Jard, forêt domaniale de Longeville, Jard sur mer
boisvinet, madoreau, légère, ragounite,
Pointe du Payré, entre océan et bocage,
galets poncés aux rochers amarrés, basse traque au ressac,
tempêtueuse, limoneuse, algue anémone,
va l’embrun au blond, glousse, tousse l’ensablée herbe rousse

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