Bouffée d’humus iodé de la forêt

 

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il y a les endroits où on est allé et les lieux où l’on retourne, ceux où l’on séjourne

Certains sont un souvenir,

d’autres nous soudent à la vie ou nous recentrent

Certains sont une évidente nécessité qui ne s’explique pas

Notre attachement à ces lieux tient tout autant de ce que l’on y a vécu que de ce que l’on en a rêvé

Je suis toujours touché de l’effet que produit sur moi la première bouffée d’humus iodé de la forêt

Ce moment où les sens du bois parlent langage racinaire au sylvain que je suis

Il n’y a pas de secret à cette alchimie intime qui bouleverse mon métabolisme

Je deviens tout ou partie de l’infini végétal,

mousse, lichen, fougère arborescente, chêne pédonculé, mimosa, pin maritime…

La peau se nervure en veinules et corse le flux de sang,

écorce gorgée de vie que nourrit la pluie

Le temps sec n’est pas un ami de la vie,

il faut regarder un désert pour le peu de vie qui s’y accroche,

à l’orée de nuits étoilées où se hasarde une once de rosée

Il suffit de fouler l’amas d’épines amoncelées quand la pluie vient à manquer trop depuis trop longtemps depuis trop longtemps de pluie trop longtemps…

Il suffit de ne plus entendre la vie pépier ou roucouler dans les sous bois pour prendre au réel la rumeur d’une nature morte de ne plus boire l’ondée féconde

au chemin dunaire druide à l’océan  fluide estran

s’abandonne le fantasque fantôme de mon âme en flaques salines

Saint Vincent sur Jard, forêt domaniale de Longeville, Jard sur mer

boisvinet, madoreau, légère, ragounite,

Pointe du Payré, entre océan et bocage,

galets poncés aux rochers amarrés, basse traque au ressac,

tempêtueuse, limoneuse, algue anémone,

va l’embrun au blond, glousse, tousse l’ensablée herbe rousse

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12 réponses à “Bouffée d’humus iodé de la forêt”

  1. Mes arrières grands-parents étaient résiniers, ils vivaient au fin fond d’une forêt du Pyla , que l’on nomme toujours aujourd’hui l’Eden…
    Comme j’aurais aimé les connaître, car quelle étrange chose que cette façon d’habiter le monde, de prendre sa place (pour l’époque déjà, autrement)…
    Dans nos temps que l’on désignent comme modernes quoi de plus de questionnant au fond ?
    merci Sylvain

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  2. L’humus est comme un aliment qui réveille et nourrit le marcheur cueilleur qui sommeille en chacun de nous. Ce parfum si caractéristique est comme une grenade qui instantanément nous explose à l’âme et nous relie à l’infiniment plus petit et pus grand que soi…la Nature.
    Elle, si belle, si abondante et indiscutablement pleinement si nourricière par le moindre de ses atomes.
    Merci Sylvain, j’aime beaucoup vous lire, vous avez le courage de dire que vous aimez quand vous aimez, simplement, et c’est énorme ,comme vous devez faire du bien…

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  3. Encore un très bel article! La forêt est l’endroit où je me ressource et où je me vide la tête! Le calme, les odeurs de la végétation, marcher et admirer la nature et peut-être apercevoir des chevreuils, des cerfs voire même des sangliers ou des renards…c’est tout un ensemble indispensable!
    On a envie d’emprunter le petit chemin de la première photo pour découvrir où il mène!

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